Interrogé par le site officiel du Racing Club de Lens, Alaeddine Yahia a évoqué le match qui l'attend ce soir à Bollaert contre le Paris Saint-Germain, le club de son coeur.
Alaeddine, toi qui aimes les engagements et la lutte sur un terrain, demain, face à Paris, tu risques d’être servi…
On sait que Paris a de bons attaquants. Même s’ils ne sont pas très bien au classement, il ne faut pas oublier que Guillaume Hoarau et Mevlut Erding sont de bons joueurs. Le premier a un très bon jeu aérien, et le dernier prend la profondeur. Mais, tout ce que l’on veut, c’est gagner !
Cette semaine, on a plus entendu parler des à-côtés du match que de la rencontre en elle-même…
C’est dommageable. Mais Paris occupe une très grande place dans le football. C’est la capitale et c’est un grand club. Maintenant, les résultats ne suivent pas, et c’est une histoire de violence. Il ne faut pas oublier qu’une personne est entre la vie et la mort. C’est triste d’en arriver là. Les joueurs du PSG n’osent même pas ramener leur famille au stade. Un mec bien se rend compte de ses erreurs mais un monstre ne rend pas compte de ses horreurs ! Normalement le football, c’est de la joie, c’est venir en famille, c’est de prendre du plaisir pendant une heure et demie qu’il y ait victoire ou défaite. Mais, là, on dépasse largement le cadre du football. C’est devenu une petite guerre.
Les supporters parisiens sont interdits de stade, demain…
Je pense que les supporters lensois auraient bien voulu que leurs homologues parisiens soient là, pour leur montrer qu’à Lens, il y a du public et qu’il y a du répondant. Les Lensois auraient pu leur donner une leçon d’humanisme, et leur montrer ce que veut dire être supporter. Mais, le président du PSG a refusé que les supporters parisiens se déplacent à Bollaert. Je sais que certains viendront par leurs propres moyens. Je suis originaire de Paris, et j’en ai reçu des coups de fil pour avoir des places ! J’ai des amis qui supportent le PSG. Et Lens n’est pas loin de Paris en voiture.
Fais-tu partie des gens qui ont déjà eu peur en allant au Parc des Princes ?
On sait tous qu’il y a une frange de supporters qui n’aiment pas tout ce qui est un peu bronzé. Je me rappelle d’une rencontre face à Nancy. Je suis rentré chez moi avant la fin car je savais que ça allait partir en cacahuète. Quand j’étais petit, je kiffais aller au Parc car il y avait George Weah, David Ginola, Valdo, Antoine Kombouaré… Tu savais que tu allais passer un bon moment ! Maintenant, ce n’est plus le cas pour les supporters, et peut-être qu’ils transforment leur frustration en acte de violence.
Toi qui viens de la banlieue, as-tu déjà rêvé de jouer au PSG ?
Celui qui vient de banlieue et qui dit ne pas imaginer jouer au PSG, c’est un menteur ! On a tous rêvé de jouer au PSG. Le Parc, pour moi, est le plus beau stade de France. C’est un petit bijou. Mais les jeunes de banlieue ne partagent pas même philosophie que nous. On a tous rêvé de jouer au PSG mais on s’identifie plus à l’Olympique de Marseille.
Vu la fragilité parisienne du moment, est-ce le meilleur moment pour jouer cette équipe ?
Il n’y a jamais de meilleur moment. Paris est une bête blessée, et une bête blessée a toujours envie de se relever. Tout ce que l’on sait c’est que nous avons envie de gagner. Si on sort victorieux samedi, on gagne une place. On aimerait bien voir un peu plus haut que la treizième place, ne serait-ce que pour que le président Gervais Martel rentre dans ses frais [Ndlr. Sourires]. Il a budgété la treizième place. Ce serait bien que l’on ait un peu de bonus.