Pascal Praud, présentateur et journaliste sportif, revient sur le Classico et contrairement a certains observateurs, il ne cache pas son bonheur d'avoir la chance de contempler ce Paris Saint-Germain.
« Je lis ce lundi les commentaires qui suivent le PSG/OM du dimanche et je suis surpris que certains amateurs de foot aient gouté du bout des lèvres ce Clasico qui m'a enchanté. Je leur conseille de faire un tour le samedi soir en Ligue 1, de compter le temps et les occasions de but, d'espérer la fin du match quand les équipes sont "bien en place", comme disent les entraîneurs, et que les spectateurs sont bien morfondus.
Je ne sais pas si PSG/OM est un grand cru, mais le raid de Lucas en première mi-temps, cette échappée sur 74 mètres (distance mesurée par Canal+ durant la retransmission), ces dix touches de balle et six adversaires éliminés resteront dans ma mémoire et suffisent à mon bonheur. Lucas transperce la défense de l'OM : il n'existe pas dix joueurs au monde capable de réaliser une attaque éclair comme le Brésilien l'a déclenchée après quatorze minutes. De la même façon, le but d'Edinson Cavani a fait lever le Parc des Princes. Le ballon ne touche pas le sol entre Van der Wiel, Verratti et Lucas. Il atterrit sur la tête d'El Matador, qui envoie Mandanda aux fraises. »
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« J'entends le choeur des beaux esprits expertiser que la rencontre est moyenne, que l'OM n'est pas à la hauteur, qu'Ibrahimovic a joué au ralenti, etc. Les boudeurs de plaisir sévissent dans tous les domaines, éternels pisse-froid qui ne sont jamais contents. Ils dormiraient avec Scarlett Johannson, la trouvant peut-être trop petite ou avec des ongles trop longs, que sais-je. »
Le syndrome "y'a trop de notes"
« Je me suis régalé à voir ce PSG/OM avec les contrôles des joueurs du PSG qui ne partent pas à trois mètres, avec les passes qui arrivent dans les pieds (ou dans le bon espace), avec des actions imprévues, des footballeurs inventifs et des gestes de classe comme seuls les solistes du grand orchestre parisien les réalisent dans le championnat de France. J'ai commencé avec la chevauchée de Lucas. Comment ne pas évoquer la passe dite à l'aveugle de Zlatan Ibrahimovic, lorsqu'il transmet le ballon du premier but à Maxwell ? Et, après ça, je lis ici ou là que ce n'était pas le soir du Suédois. Vous connaissez le syndrome "y'a trop de notes" ? C'est Milos Forman qui rapporte la scène dans le film Amadeus. Mozart vient de jouer. C'est divin. L'Empereur hésite. Les musiciens du royaume prennent la parole : "C'est bien sire. Mais il y a trop de notes." »

« Le PSG possède huit longueurs d'avance sur Monaco et compte 64 points (dix de plus que l'an passé après 27 journées). Il a plié le championnat. On attend la suite et, la suite, c'est la Ligue des champions. À déguster sans modération parce que le plaisir ne se discute pas. Quand on aime les livres, les films et le football, on lit des romans, on va au cinéma et on regarde des matches à la télévision. Évidemment, sur la masse, on est plus souvent déçu que transporté. Mais quand on tombe sur un bouquin formidable (Mes Monstres, de Dino Risi, éditions de Fallois, décembre 2013), quand on voit un chef-d'oeuvre (Ida, de PaweŚ Pawlikowski, sortie en salles le 12 février) ou quand le PSG fait le cirque pendant quatre-vingt-dix minutes, alors on applaudit des deux mains, on appelle les amis et on dit : "T'as vu, c'était formidable, non ?" Et à ceux qui ne sont pas d'accord, on ne répond pas. On ne les appellera plus. Ils sont perdus. »