Barcelone, attention à la bête blessée
- Publié : 10 avril 2024 à 18:05
- Dernière modification : 14 avril 2024 à 17:36
Deux équipes qui se "ressemblent". En insistant sur les guillemets, c'est un peu le constat que l'on pourrait faire sur les trajectoires récentes du PSG et du FCB. En effet, s'affrontent ce soir deux formations jeunes, en reconstruction et qui se sont longtemps cherchées (et se cherchent encore un peu). Plus encore, si tous les feux sont au vert à Paris comme nous l'avions récemment expliqué (voir article ci-dessous), le club catalan surfe lui aussi sur une très belle dynamique. Décryptage.
Xavi en perdition...
Champion d'Espagne en titre, le Barça s'est renforcé l'été dernier avec les arrivées entre autres d'Ilkay Gündogan, Joao Félix et Joao Cancelo. Si nous nous épancherons sur le cas de l'international allemand un peu plus tard, les deux portugais se sont eux instantanément intégrés. Avec une mention pour l'attaquant de soutien. En échec à Chelsea (et pas forcément plus en réussite à l'Atlético Madrid, club auquel il appartient toujours), l'ancienne pépite de Benfica a régalé dès ses débuts en Catalogne (avant de quelque peu rentrer dans le rang en 2024).
Collectivement, si le tiki-taka made in Guardiola n'est plus qu'un lointain souvenir, le contenu proposé par les Blaugrana a souvent été bon, loin de l'idée reçue d'un niveau de jeu catastrophique. Là où le bât a longtemps blessé, c'est à la finition. Comme l'indique Julien Llop du Blograna, "le contenu est souvent bon, parfois très bon. Le problème est l’efficacité dans les deux surfaces. Il y a plein de matchs où tu dois mener 3-0 à la 60e et il n'y a finalement que 1-1. Ainsi, la narrative n'est plus la même. Avec une efficacité digne d'un top club, le Barça devrait avoir 5 à 7 pts de plus, et donc être aux basques du Real Madrid (le Barça a 8 pts de retard au classement, ndlr)".
Une problématique qui s'est donc propagée dans l'autre zone de vérité. Véritable mur impénétrable lors du précédent exercice (seulement 20 buts encaissés en Liga), la défense conduite par (l'infortuné) Marc-André Ter Stegen s'est quelque peu muée en passoire cette saison (déjà 34 pions contres à 8 journées de la fin).
Quant à Xavi, ses choix ont régulièrement crée la polémique. Si les inventions ont parfois du bon (suivez notre regard...), elles peuvent aussi déstabiliser les joueurs. L'un des exemples les plus frappants est celui de Gavi, positionné avant sa blessure un cran plus haut que Gündogan, alors que le joueur formé à la Masia a un plus gros volume de jeu, quitte à cumuler les fautes ; là où le vainqueur de la LDC 2023 est davantage créateur et possède une vraie propension à scorer. De facto, l'ancienne plaque tournante du Borussia Dortmund a connu des débuts plus que timides.
Pour couronner le tout, le Barça a perdu des matchs cruciaux et de manière spectaculaire. On pense évidemment aux Clasico (défaite 1-2 en Liga à l'automne dernier et surtout 4-1 lors de la finale de Supercoupe d'Espagne en janvier) ; mais aussi aux deux revers consécutifs à Bilbao en Copa (4-2) et contre Villarreal 3 jours plus tard en Championnat (3-5). Enchaînement cauchemardesque qui, au soir du 27 janvier, avait conduit Xavi a proclamé son départ pour l'été prochain.
... mais soutenu
Véritable légende du club catalan, l'homme aux 133 sélections avec la Roja n'a malgré tout jamais été lâché par les siens, en dépit de son appareillage programmé donc. Et cela s'est ressenti immédiatement après cette annonce. Pour preuve, depuis le 27 janvier et le naufrage face au sous-marin jaune, le Barça est invaincu toutes compétitions confondues (8 victoires et 3 nuls, dont un succès sans coup férir au Metropolitano, 0-3).
Une nouvelle impulsion qui trouve également ses sources dans des éléments plus concrets que le cœur. Julien Llop : "Le contenu n’est pas foncièrement meilleur, mais l'efficacité dans les deux surfaces a été retrouvée. Tu mènes plus rapidement au score et tu te rends le match facile".
Des individualités retrouvées et salvatrices
Une efficacité qui porte notamment le sceau de Robert Lewandowski. Quasi-transparent lors des six premiers mois de la saison, le buteur polonais a retrouvé de la superbe depuis plusieurs semaines. Aussi, il ne faut bien entendu pas omettre l'une des nouvelles sensations du football mondial qu'est Lamine Yamal (16 ans) et qui a longtemps maintenu le bateau Azulgrana à flot.
Au milieu, les blessures conjuguées de Pedri et Frenkie De Jong ont paradoxalement libéré les offensives. Selon Llop, "l'équipe joue davantage à la verticale, plus vite vers l’avant. Logique car avec Fermin et Sergi Roberto tu as moins de contrôle qu’avec Pedri et 'FDJ'. Mais tu vas bien plus vite vers l'avant".
Un entrejeu surtout sublimé par la montée en puissance de Gündogan. Lui aussi effacé à l'automne (voir ci-dessus), l'ex-Cityzen est devenu la pièce maîtresse de la colonne vertébrale bleu et grenat.
Enfin, une nouveau joyau a fait son apparition dans l'arrière-garde en la personne de Pau Cubarsi. Âgé de seulement 17 ans, l'axial s'est révélé aux yeux de l'Europe en muselant Victor Osimhen lors du 8e retour de LDC face au Napoli (3-1). Et depuis, le néo-international espagnol (2 capes) fait étalage de toutes ses facettes. "C’est lui qui a la charge des sorties de balles, explique ainsi Julien Llop. Il casse beaucoup de lignes et trouve souvent un milieu libre. Ça simplifie tout et ça change le visage de l’équipe".
Attention à la bête blessée
C'est donc un FC Barcelone certes amoindri par les blessures mais qui connait un net regain de confiance qui va se présenter au Parc des Princes ce mercredi à 21h. Un quart de finale de Ligue des Champions qui ouvre le nouveau chapitre d'une rivalité qui s'est récemment créée, avec à la clé des confrontations souvent épiques.