L'Espagne ramène la France à sa réalité
- Publié : 10 juillet 2024 à 06:17
- Dernière modification : 10 juillet 2024 à 07:52
Le Top 4 européen. Si un non-averti prenait le résultat brut de l'Équipe de France dans ce Championnat d'Europe 2024, il dirait sans aucun doute que les Bleus ont réussi leur compétition, ne tombant qu'à une marche de la finale. Malheureusement, quand on se penche sur le contexte et la physionomie des rencontres tricolores depuis mi-juin, force est de constater que les hommes de Didier Deschamps ont raté leur tournoi estival.
Et pourtant, tout avait si bien commencé...
Au coup d'envoi, "DD" avait opté pour un remariage avec le 4-3-3. De retour de suspension, Adrien Rabiot récupérait sa place (Camavinga sur le banc). Si Randal Kolo Muani conservait la confiance du sélectionneur au détriment de Marcus Thuram, le vrai choix fort de la "Desch" était la mise au ban d'Antoine Griezmann. Véritable pierre angulaire des Tricolores depuis huit ans maintenant, le Colchonero payait là son très triste mois allemand. À sa place, notre Ousmane Dembélé qui retrouvait son côté droit habituel.
Après cinq sorties à la limite du soporifique, les Bleus ont très probablement montré leur plus beau visage estival lors du premier quart d'heure. Profitant d'une défense espagnole décimée (Carvajal et Le Normand suspendus) et de quelques atermoiements, les partenaires d'un Kylian Mbappé démasqué ont mis le doute dans les têtes adverses. Jusqu'à inscrire leur tout premier but dans le jeu.
Après deux CSC (Autriche et Belgique) et un penalty (Pologne), la tête de Kolo Muani sur le petit centre de Mbappé fut en effet la première réalisation "classique" des hexagonaux dans cet Euro (8e, 0-1).
La (mini) Remontada
Cela était sans compter sur une Furia Roja qui a depuis deux ans retrouvé le goût de répondre par le jeu. Et qui compte également des joueurs de caractère. Alors qu'il ne fêtera ses 17 ans que samedi, Lamine Yamal prit l'initiative d'enrouler une magnifique frappe qui vint mourir en poteau rentrant (20e, 1-1). Dans la foulée, l'habituel impact player (ce mardi titulaire en raison de la blessure de Pedri) Dani Olmo mit Aurélien Tchouaméni sur les fesses avant de voir Jules Koundé prolonger son tir (cadré) dans la cage d'un Mike Maignan de toute façon battu (24e, 2-1).
Non contents d'avoir renversé la situation en un éclair, les ouailles de Luis De La Fuente ont ensuite déployé leur habituel toro. 60% de possession, des redoublements de combinaisons (Fabian Ruiz a encore une fois été très bon), de l'élargissement sur les ailes avec les deux fusées Williams et Yamal, beaucoup de projections... Bref, même si la défense française a été exceptionnelle pendant le tournoi, l'Espagne était plus forte.
La maladresse, thématique de l'Euro Bleu
Si on a précédemment évoqué le jeu et le caractère, comment ne pas souligner la discipline ibérique ? Après les petites hésitations du début de rencontre, les Espagnols se sont remis la tête à l'endroit et ont fait preuve des mêmes vertus de bloc équipe qu'ils avaient déjà laissé entrevoir contre l'Allemagne au tour précédent. Gênés par cette muraille rouge, les tricolores y ont ajouté leur actuelle marque de fabrique : la maladresse. Il est vrai que de très nombreuses passes dans la boîte ne sont jamais arrivées à destination. Idem à la finition, comme avec cette frappe expédiée dans les nuages par Théo Hernandez (75e).
Comme un symbole, Mbappé n'aura eu une nouvelle fois aucun poids. Certes passeur décisif sur l'ouverture du score, le néo attaquant du Real Madrid est passé totalement au travers de son Euro. Selon lui, les circonstances sont nombreuses (plus de passeur élite comme Paul Pogba, masque sur le nez, contexte de tension électorale). Ce mardi soir, il jouait à visage découvert et avec une situation politique "apaisée" (en insistant sur les guillemets). Et pourtant...
Et maintenant ?
Les entrées de Bradley Barcola (pourtant une énième fois percutant) et Olivier Giroud n'y ont rien changé. L'Équipe de France est éliminée de l'Euro 2024 et c'est malheureusement logique. Homme providentiel depuis son arrivée en 2012 (au moins 4 demi-finales sur 6 tournois majeurs, dont 1 titre), Didier Deschamps est de plus en plus sur la sellette. Au-delà du contenu des matchs, le Basque serait désormais contesté en interne selon de récentes rumeurs. En cause, le choix des hommes et le management général. Une situation similaire à celle de l'Euro 2021 tout compte fait. Reste à savoir si le dénouement sera le même ou si un autre nom (Zinédine Zidane ?) arrivera au chevet des Bleus.