Luis Fernandez, c’est l’histoire d’un chouchou, d’une idole. Il a toujours été, il est encore à l’heure actuelle, et il sera éternellement lié au club de la capitale.
Comment ce gamin né à Tarifa, en Andalousie, et seulement arrivé en France à l’âge de 9 ans, a-t-il réussi à gagner quasi unanimement la passion de tout un club ? Et même au delà, la sympathie de tout Français amoureux de ballon rond dans les années 80 ?
Cet amour, il le doit en partie à son parcours atypique. Jouant en équipes de jeunes dans des clubs de la banlieue lyonnaise, où sa famille s’est installée, il ne connaît pas réellement de centre de formation, et son statut d’étranger est difficilement accepté par ses camarades. Autour de la majorité, il effectue divers stages dans des clubs professionnels, mais il est uniquement retenu par celui qui le révèlera au yeux du grand public : le Paris Saint-Germain.
L'aventure parisienne:
Faute de posséder la nationalité française, il signe dans un premier temps un contrat amateur dans le club de la Capitale, à l’âge de 19 ans, en 1978. Cependant, il réussit à se mettre rapidement en valeur, et prouve à son entraîneur de l’époque, Pierre Alonzo (le père de Jérôme), qu’il mérite bien mieux qu’un contrat d’aspirant. L’équipe, quant à elle, végète en milieu de tableau en D1, et ne gagne pas le moindre titre jusqu’à 1981. Toujours de nationalité espagnol d’un point de vue légal, mais devenu français d’adoption, Fernandez prend justement la décision cette même année d’acquérir la nationalité française. Ainsi, cet acte a le double effet de libérer une place d’étranger dans l’effectif, mais aussi de lui ouvrir les portes de l’équipe de France.
Cette nouvelle saison est celle du renouveau à Paris. Au terme d’un parcours semé d’embuches, l’équipe entrainée par Georges Peyroche remporte la Coupe de France en 1982, en finale contre l’AS Saint-Etienne. C’est le premier titre de l’histoire des « Rouge et Bleu », et Fernandez est alors devenu un élément indiscutable du onze titulaire.
Le milieu de terrain parisien ne fait ses débuts sous le maillot des Bleus qu’à la fin de l’année 82, n’ayant pas pris part à l’épopée en Espagne de la « bande à Platoche ». Cela ne l’empêche de faire rapidement son trou dans un onze pourtant déjà performant. Le fameux « Carré magique » composé de Platini, Giresse, Tigana et lui-même est en train de naître.
Au PSG, Luis n’en finit pas de briller. L’équipe remporte pour la deuxième fois d’affilée la Coupe de France, cette fois contre le FC Nantes. L’équipe, et le joueur, connaissent également leurs premières expériences en Coupe d’Europe (en C2). Les Parisiens, sont sortis en Quart lors de leur première campagne en 1983, puis en huitième contre la Juventus de Platini en 1984.
Cette même année est organisé en France le Championnat d’Europe des Nations. Une aubaine pour l’équipe de France, dont la génération dorée est donnée favorite. Sans surprise, à l’issue d’un parcours sans fausse note, les Bleus emmenés par un Platini au sommet de sa carrière remportent à domicile le premier titre de leur histoire.
Le retour à la réalité est difficile pour Fernandez. La saison 1984-85 est sa plus difficile sous le maillot Rouge et Bleu. L’équipe termine la saison à une médiocre 13ème place, sans aucun titre en poche, et avec en prime une élimination prématurée en Coupe UEFA. Au terme d’une saison à vite oublier, l’équipe change. Houllier remplace notamment Peyroche en tant qu’entraîneur du club. L’équipe emmenée par Fernandez et Susic recommence enfin à enflammer les travées du Parc. Et au terme d’un parcours sans encombre, le nouveau « chouchou du Parc» offre au PSG son premier titre de champion de France.
C’est en pleine confiance qu’il aborde la Coupe du Monde 1986 au Mexique, fort de ses titres avec les Bleus en 1984, et avec le PSG seulement quelques semaines auparavant. L’équipe réalise un très bon Mondial, malgré sa nouvelle élimination face à l’Allemagne en Demi. Le « Petit bonhomme », ainsi appelé par Thierry Rolland, entre quant à lui dans la légende de la Coupe du Monde en inscrivant le tir au but éliminant le Brésil en Quart. Au terme du Mondial, et après 8 ans de bons et loyaux services, Luis Fernandez décide alors de quitter un PSG au sommet.
La suite de sa carrière:
Il atterrit alors non loin de la terre de ses premiers exploits, au Matra Racing, l’autre club de la région parisienne. Malgré les stars que sont Maxime Bossis, Pierre Littbarski, ou l’idole sud-américaine Enzo Francescoli, Luis Fernandez ne parvient pas à hisser le niveau du club, qui termine lors de sa première saison à la 13ème place en D1. Les deux saisons suivantes ne seront guère plus satisfaisantes, bien qu’étant sous les ordres du Portugais Artur Jorge.
Chez les Bleus, la transition entre les générations est difficile. Devenu leader après le départ en retraite de certains joueurs cadres, Luis ne parvient pas à emmener les siens jusqu’à l’Euro 88 en Allemagne, ni en Italie pour le Mondial 90.
En club, il quitte définitivement (en tant que joueur) l’Ile de France, et signe à l’AS Cannes, entrainé par Jean Fernandez, en 1989. Malgré une première saison en milieu de tableau, il parvient à rehausser son niveau de jeu, et d’accrocher avec son club une miraculeuse 4ème place en D1, notamment en compagnie d’un jeune prodige en devenir, un certain Zinedine Zidane. Le club azuréen goûte pour la première fois aux joies des joutes européennes, mais perd totalement pied en championnat. Le club est relégué en D2.
En équipe de France, il n’est plus un joueur cadre du onze de Michel Platini. Lors de l’Euro 92 en Suède, pour lequel les Bleus se sont qualifiés brillamment, l’équipe ne parvient pas à passer le premier tour, et Luis ne sera plus jamais sélectionné.
Luis Fernandez reste à Cannes malgré la relégation, mais au terme d’une saison où il peine à retrouver son meilleur niveau suite à ses anciennes blessures, il décide de mettre un terme à sa carrière en 93. Il est alors directement propulsé en tant qu’entraîneur de l’équipe première du club.
Sa reconversion comme entraîneur:
Ses débuts en tant qu’entraîneur sont probants. Il parvient à faire remonter Cannes en D1 dès sa première saison. Pour son retour dans l’élite, Luis réussit l’exploit de qualifier une nouvelle fois les Azuréens en Coupe UEFA, 3 ans après l’avoir fait en tant que joueur. Ses prouesses en tant que coach ne passent pas inaperçu, puisqu’il est recruté en 94 pour prendre les rennes des champions de France : le PSG.
Les Parisiens ne recrutent pas, mais Luis impose ses changements tactiques. Le club ne parvient pas à garder son titre de champion, finissant tout de même à une honorable 3ème place derrière Nantes et Lyon. Les premiers exploits du Paris de Luis Fernandez arrivent en Coupes. Le PSG remportent successivement la Coupe de la Ligue, puis la Coupe de France. Les Rouge et Bleu réalisent surtout un parcours phénoménal en Champions League, éliminant notamment le grand Barça en Quart au terme d’un retour héroïque au Parc. Eliminés en Demi par Milan, les Parisiens sortent la tête haute.
La saison suivante est encore plus contrastée. Faciles leaders de D1 à la trêve, ils se font rattraper par Auxerre et perdent le titre. En revanche, en Europe, les Franciliens accèdent à la plus haute marche du podium en remportant la C2 en finale face au Rapid Vienne. Malgré ce titre, Fernandez quitte le club en fin de saison en raison du climat de tension au sein du vestiaire.
En 96, il rebondit alors au Pays basque espagnol, à l’Athletic Bilbao, où il parvient à attirer le défenseur français Bixente Lizarazu. Il reste 4 ans au club, et parvient notamment à le qualifier en Champions League pour sa deuxième saison.
En décembre 2000, Fernandez est rappelé au chevet d’un PSG en crise. Il bouleverse totalement l’équipe en place, écartant certaines vedettes décevantes, et faisant pression sur sa direction pour faire venir d’autres joueurs. Des tensions sont toujours présentes au sein du club, et les résultats ne suivent pas vraiment. Le club frôle la qualification en Quart de la Champions League, mais termine à une modeste 9ème place en championnat. La saison suivante, marquant l’arrivée du prodige Ronaldinho, l’équipe tourne mieux, mais rate in extremis la qualification en Champions League, devant donc se contenter de la Coupe UEFA. La saison 2002-03 est peut-être celle de trop. Malgré de belles victoires contre le rival marseillais, le club est au bord du gouffre. Luis Fernandez se distingue notamment par ses prises de positions sur les groupes de supporters et par ses tensions avec Ronaldinho, qu’il n’hésite pas à mettre régulièrement sur le banc. Le PSG termine 11ème, et Luis est remercié à l’été 2003.
Il est rappelé en Espagne, à l’Espanyol Barcelone, pour y jouer les pompiers de service fin 2003. Il parvient tout juste à sauver le club de la relégation, mais ne poursuit pas l’aventure en Catalogne, à cause de divergences avec la direction.
La suite de sa carrière d’entraîneur sera plus mitigée, entre des clubs qataris, israéliens, le Betis Séville, et le Stade de Reims. Il se distingue alors davantage par ses actions et déclarations chocs que par des résultats sportifs brillants.
En 2010, il est appelé pour prendre les rennes de la sélection israélienne, avec pour objectif de qualifier le pays pour l’Euro 2012. Israël termine 3ème de son groupe, en perdant notamment tous ses matchs contre les favoris du groupe (Grèce et Croatie), et Fernandez quitte son poste de sélectionneur en décembre 2011. Cela reste à ce jour sa dernière expérience en tant qu’entraîneur.
Très présent dans les médias depuis une dizaine d’années, il anime depuis 2003 l’émission radio Luis Attaque sur RMC Info. A la télévision, après être passé entre autres par Canal +, TF1, ou W9, il officie depuis 2013 sur la chaîne sportive beIN Sport.
Palmarès en tant que joueur :
Avec le PSG:
⓺ Champion de France D1 en 1986
⓺ Vainqueur de la Coupe de France en 1982 et 1983
⓺ Joueur français de l’année 1985 (France Football)
En Sélection:
⓺ 60 sélections (6 buts) en équipe de France entre 1982 et 1992
⓺ Vainqueur de l’Euro 1984
Palmarès en tant qu’entraîneur:
Avec Cannes:
⓺ Meilleur entraîneur de D1 en 1994
Avec le PSG:
⓺ Vainqueur de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe en 1996
⓺ Vice-champion de France D1 en 1996
⓺ Vainqueur de la Coupe de France en 1995
⓺ Vainqueur de la Coupe de la Ligue en 1995
⓺ Vainqueur du Trophée des Champions en 1995
⓺ Finaliste de la Coupe de France en 2003
Avec Bilbao:
⓺ Vice-champion d’Espagne en 1998
Tantôt adulé par les supporters, dont on retient les fameux « Luis ! Luis ! Luis ! », tantôt sifflé notamment lors de son retour mitigé en 2000, Luis Fernandez reste malgré tout le symbole d’un PSG qui gagne, en étant un des grands artisans du premier titre du club en 86, et coach des vainqueurs de la Coupe d’Europe en 96.