D'après la définition, au sens contemporain du terme, un « Classico » est une rencontre opposant deux équipes de football sur des critères à la fois sportifs, mais aussi sociaux, historiques, économiques et territoriaux.
Focus sur LA rivalité qui déchaîne les passions de millions de français. Car en effet, que l'on supporte n'importe quel club, ou que l'on se désintéresse totalement du sujet, cette simple rencontre sportive divise tout autant qu'elle rassemble.
La D1… Un bon vieux jour sans pain !
Pour comprendre ce titre, il faut avant tout se plonger dans les « origines du mal » : Il y a bien longtemps une rencontre entre l'équipe de la capitale et la capitale de la Provence était synonyme de fête (si, je vous assure). Chaque décennie a eu son club de football fétiche, si bien que le coeur de la France a aussi bien battu au rythme de la grande épopée de Reims, que celle de l'ASSE.
L'OM reste le club professionnel le plus ancien de l'élite, celui-ci a toujours eu sa place dans le coeur des résidents de l'hexagone, même si la vraie sensation reste dans les années 90 avec un titre de champion d'Europe (contre Milan en 93). Paris a profité de l'année 2010 pour fêter ses 40 années d'existence, ce qui fait de ce club le plus jeune (mais pas le moins titré) de la Ligue 1.
Monté de toute pièce dans les années 70, le club a vu le jour sur la base d'un projet qui consistait à créer un club pour la capitale de la Gaule, qui souffrait d'un manque de représentativité au niveau national. Dans le début des années 80, une rencontre entre les deux clubs était d'une banalité, rappelant une bonne vielle soirée de Ligue 2 entre Sedan et le Havre (là aussi je vous l'assure !). Le « produit » Division 1 souffrant tellement d'un manque de ferveur, l'idée de créer une réelle rivalité pour donner un peu plus de piment au championnat fut vite mise sur le « Tapie ».
PSG-OM : les « origines du mal »
Quand la libido de la D1 est victime de dysfonctionnement, Docteur Tapie lui prescrit un viagra un peu particulier. En effet, dans les années 80 l'OM survole le championnat, accumulant les titres sans grandes difficultés, si bien que cela en devient lassant pour le public qui petit à petit se détache de la compétition. Les conséquences sont avant tout économiques, car un monopole sportif reste le plus grand ennemi du spectacle. Un projet est donc mis en avant : créer un opposant de taille pour les occupants de la Canebière.
Mais dans un contexte sportif, qui choisir ? Il est clair qu'une rivalité sportive n'aurait pas suffit, alors autant aligner une concurrence extra-sportive dans la foulée. Paris semble donc le concurrent idéal. En effet, les deux villes s'opposent en tous points :
– Marseille : ville populaire, chaleureuse, accueillante, ouvrière, de gauche, berceau d'un grand nombre de populations à la fois française et issues de l'immigration, capitale de la province.
– Paris : ville lumière, hautaine, de droite, sièges de l'économie et de la politique hexagonale, ville de la monarchie et capitale longtemps décriée dans l'histoire de France.
Les candidats sont donc embauchés. Il ne restait plus qu'un élément manquant, faire du PSG un grand club. Bernard Tapie incite donc un grand investisseur à se joindre au projet. Jean-Claude Darmon, mieux connu sous le nom du « grand argentier du football », accompagné de Bernard Brochant, rencontre les dirigeants de Canal+ afin de les persuader qu'économiquement parlant, les gains seraient au rendez-vous de ce projet.
Et ce qui devait arriver, arriva, lentement mais sûrement. Un peu endormi au début le public mordit à l'appât avec l'aide de la médiatisation consacrée à cette nouvelle rencontre.
Et 20 ans plus tard…
« Je veille sur 40 clubs professionnels et 38 en ont ras-le-bol du cirque permanent des matchs entre le PSG et l'OM ! » (Frédéric Thiriez, président de la LFP) Il est d'avis que cette phrase est la plus représentative du jeu concurrentiel mis en place par les « Grands hommes du football français ». Car bien que nécessaire, cette rivalité n'est pas restée longtemps sous contrôle, si bien qu'à l'heure actuelle, le torchon brûle encore.
En effet, la rivalité a vite quitté le terrain pour s'installer aussi dans les tribunes et donner naissance à tous les problèmes inhérents à cette rencontre. Au goût du jour : violences entres supporters des deux camps, joueurs girouettes qui passent d'un club à l'autre en justifiant un soi disant « amour pour le maillot », joutes entre présidents de clubs, des salles d'urgence et des cellules de garde à vue remplies, des coups financiers conséquents pour -essayer- de gérer le phénomène, BREF, un bordel sans nom !
Et aujourd'hui ?!
Paris est victime de ses vieux démons, car plus qu'une rivalité avec les Marseillais, une autre a été créée entre les deux tribunes (Auteuil et Boulogne, aujourd'hui inexistantes) qui dans le temps furent l'âme du Parc des Princes. Marseille, après une longue période d'anorexie en termes de titres, revient petit à petit à un niveau de jeu raisonnable, qui lui permet de pouvoir narguer les Franciliens.
Dans quelques heures, les deux marques déposées s'affronteront une fois de plus dans une ambiance soi particulière, soi inexistante ! Et le plus navrant dans tout cela, c'est qu'en plus d'espérer un bon match sur le « billard », il est de mise de souhaiter qu'aucun débordement n'aura lieu aux abords du stade. D'ailleurs, à en croire José Anigo le directeur sportif de l'OM, le ciel du futur reste assez couvert : « Des histoires entre Marseille et Paris, il y en aura toujours ! »
Pour une fois, croyons-le sur parole !